La Blessure
Sens et valeur
Voilà des années
que tu remets ça, que tu n'oses affronter de face ce qui te lancine et
t'absente. Tu cherches un autre moyen de traverser le mur pour te découvrir
libre de l'autre côté, il n'y a d'autres passages que cette fente étroite.
Cette blessure constamment évitée de peur de souffrir t'aspire dans son vortex,
tu perds ton énergie à lutter contre et gagne en mal-être à ne pas t'y plonger
avec sincérité.
Chaque être humain sur cette terre a en héritage un tatouage sensible
d'ombre inscrit dans son intimité. Il s'applique à le cacher, à vivre comme
s'il n'existait pas. Plus tu le nies et le refuses, plus il prend sa part de
pesanteur et t'enfonce dans ses méandres. L'ego est le vigile qui attaque bec
et ongles toutes tentatives d'approche d'une part de toi qui voudrait ne
serait-ce qu'aller voir. Une lutte s'installe, source de conflits internes. Tu
es intimement divisé, schizophrène des profondeurs, tu es double.
Dualité profondément douloureuse qui a besoin de toute ta douceur, qui a besoin
de ton non- jugement. Juste constater ce qui est là et qui a besoin de ton
amour, de ta reconnaissance.
Quelle est ta blessure racine, celle que tu connais par cœur et avec laquelle
tu joues à faire des passes comme un toréador face à la bête ?
Ne vis plus
contre elle car tu es incomplet et en fuite avec un tel fonctionnement. Je
sais, tu as peur de t'effondrer, tu as peur de ne plus voir la lumière, d'être
anéanti. Tu dois tout embrasser de toi, ne rien mettre de coté et planter ton
amour dans ce qui te semble le plus difficile. Là est ton réel courage et tu le
détiens !
Parle, exprime
ce que tu ressens lorsque tu plantes ta conscience d'amour dans ce marécage de
peurs. Assèche au soleil de ta vérité ces eaux glauques et stagnantes. La plus
noire de tes souffrances voisine avec la plus pure de tes lumières. Un fin
voile les sépare qui se déchirera sous l'acceptation à reconnaître ce qui est.
Et graduellement, petit à petit, la clarté unifie tout ton être et tu deviens
christ. Une énergie d'amour sans condition qui enveloppe et élève, qui adoucit
et tranche ce qui est mort. Le christ vivant en toi s'éveille et grandit, un
processus se met en branle pour que tu vives unifié au vivant et non pas mort
vivant séparé d'elle, de la chère blessure d'être là.
Parole Intime
Je
suis en toi la divine blessure, celle qui ne cicatrise pas. Parfois, la vie me
rencontre, me touche et tu me sens alors comme une lance plantée en ton flanc,
une épine en ton cœur. Pourtant, je suis une blessure très ancienne que la vie
réactive pour que tu n'oublies pas, jamais, que tu es avant toutes choses un être
sensible. Je suis en toi ce qui fait mal, ce qui est douloureux, ce qui est
blessé et qui saigne des larmes salées. Grâce à moi, tu demeures un être
humain. Il en faudrait de peu pour que ce monde créé fasse de toi un monstre ou
une machine. Je suis la blessure de ton cœur plantée en ton corps pour que tu
n'oublies pas ton âme. Car seul le sensible est ce qui te relie à elle. Si tu
demeures sensible, tu demeures en elle pour toujours.
Je
suis donc ce qui ouvre tes chairs sensibles, une plaie en tes chairs, une
douleur, tout ce qui s'exagère en toi pour que tu n'oublies pas. La joie est
douloureuse parfois, le bonheur peut être tel qu'il te fait défaillir, qu'il
ouvre en toi une faille où tu tombes. L'amour est un état qui peut renverser
tout ce que tu connais, te déchirer jusqu'au plus sensible de toi. L'extase de
se sentir aimé de dieu, la souffrance magnifique qui délivre la vie, le vertige
d'être seul et d'avoir tout perdu...Autant d'instants que tu connais, qui t'ont
blessé à en vivre. C'est l'eau d'une source vive qui a coulé pour te
transformer, te rendre plus sensible, plus ouvert, plus doux, plus prévenant
avec la blessure, la tienne, celle de l'autre.
Comme
si finalement chaque blessure qui osait se révéler à toi t'était un cadeau.
Elle te fait confiance pour être touchée par toi, touchée au plus douloureux
sensible, au plus fragile et vulnérable de l'être. Il n'y a plus besoin
d'anesthésie. La blessure rencontre la douce peau d'une main bienveillante,
l'amour en somme, l'unique bienfaiteur. Le fragile rencontre le vulnérable, et
c'est la puissance d'aimer, la blessure d'amour.
Pardonne
moi d'être là, si à vif. Dès que tu m'auras reconnu, accepté en toi. Tu
découvriras qu'en moi réside ta capacité à aimer...ouvertement, infiniment,
divinement.
Au ras des pâquerettes
il y a une
blessure en toi à laquelle toutes ramènent, que toutes cachent : le sentiment
de n'être pas aimé, la blessure d'amour. Accepte d'être blessé par la fragilité
de l'autre et tu découvriras la douceur d'aimer. Trouve la délicate attention,
laisse la joie, la douleur déchirer ton cœur. Sois attentif, quand tu sens que
tu te fermes pour te protéger, ouvre toi alors, ressens, il y a un jouissance à
cela. Découvre-la, tu es prêt.
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